Utilisateur:Berthe Gagarine/Brouillon

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L'histoire de l'agriculture bretonne commence avec l'arrivée de l'agriculture par diffusion de l'agriculture d’abatis-brûlis depuis le foyer agricole du moyen-orient, soit par un courant de diffusion longeant la côte atlantique depuis la péninsule ibérique, soit depuis l'est en longeant la côte nord

Activités de subsistance avant l'arrivée l'agriculture[modifier | modifier le code]

Les traces les plus anciennes de présence humaine en Bretagne ont été découvertes à Saint-Malo-de-Phily et datent d'environ 600 000 ans[1]. Des traces d'habitats humains datant d'environ 500 000 ans ont également été retrouvées à Cesson-Sévigné, à Carnac et au Cap-Sizun[1]. Les populations de cette époque sont probablement des chasseurs nomades. Le site paléolithique du mont Dol, daté de 110 000 ans, révèle que les humains de cette période, au début de la glaciation de Würm, chassent des mammouth, des rhinocéros laineux, des bisons, des chevaux et des cervidés dans un paysage variant entre forêt et steppe[1]. La viande est consommée cuite, ainsi que la moelle osseuse[1].

Au mésolithique, entre 10 000 ans et 5 000 ans av. J.-C., le réchauffement climatique lié à la fin de la dernière glaciation entraîne une augmentation du niveau de la mer. Les paysages de steppe laissent la place à des forêts de pins et de bouleaux, puis de chênes, d'ornes et de noisetiers[1]. Les populations humaines se concentrent sur le littoral.

A partir de 8 000 ans av. J-C., le réchauffement continuel entraîne la régression des rhinocéros et des mammouths et l'apparition d'une faune de cerfs, de sangliers, de renards, de castors, de chèvres et de lièvres[1]. Les sites de Téviec et de Hoëdic, dans le Morbihan, révèlent une alimentation basée sur la chasse des mammifères et des oiseaux, la pêche à la main du poisson, la collecte des coquillages et la consommation de poires sauvages[1]. Les squelettes d'un bovidé, d'un mouton ou d'une chèvre et d'un chien pourraient indiquer un début de domestication des animaux[1].

Arrivée de l'agriculture[modifier | modifier le code]

A partir de 5 000 av. J.-C., au Néolithique, l'agriculture arrive par diffusion depuis le foyer agricole du moyen-orient, soit par un courant de diffusion longeant la côte atlantique depuis la péninsule ibérique, soit depuis l'est en longeant la côte nord[1]. L'agriculture de cette époque est une agriculture d’abatis-brûlis[1]. Les résultats de la palynologie montre des défrichements à de 6 000 av. J.-C. dans le golfe du Morbihan, qui s'accentuent après 5 700 av. J.-C, tout en restant très localisés[2]. Le noyer et le châtaignier sont attestés vers 5 100 av. J.-C., sans qu'on connaisse les modalités de leur introduction[2]. Les plus anciennes traces d'abattis-brûlis en Bretagne datent de -2850 à Vildé-Bidon et de -2730 à Erquy. Les champs sont défrichés à la hache de pierre puis au feu et sont exploités 3 ans, avant d'être abandonnés à la friche. L'orge et le blé sont cultivés. Néanmoins, cette forme d'agriculture reste secondaire par rapport à l'élevage extensif. Cette forme d'agriculture s'accompagne d'un artisanat de poteries, nécessaire au stockage des céréales, et de la fabrication d'outils en pierre dure, notamment en dolérite[1].

Age du fer[modifier | modifier le code]

Les analyses polliniques effectuées dans le centre-Finistère révèlent, pendant le second âge du fer, à partir de 450 av. J.-C., d'importants déboisements permettant l'extension du domaine cultivé[3]. Ils sont liés à une poussée démographique (la population est comprise entre 3 et 10 habitants/km²). Cette croissance démographique est elle-même liée à l'apparition d'outils en fer, comme des socs d'araire, améliorant la productivité agricole[3]. Les parcelles ont une forme longue et étroite[3]. Le blé tendre est la principale céréale cultivée[3]. Le seigle et le sarrasin (qui s'est probablement diffusé depuis la Belgique) sont également présents dans les analyses polliniques même si aucune graine de sarrasin n'a jusqu'ici été retrouvée dans les fouilles de cette époque[3]. Parmi les légumineuses, les fèves sont cultivées[3].

Dans le domaine de l'élevage, des porcs, des moutons et des bovins sont élevés[3]. Des enclos à bétail, protégés par des fossés et des palissades, ont été retrouvés à proximité des habitations[3]. Le lait est transformé en beurre et en fromage, la viande peut être conservée par salaison, les peaux sont tannées pour fournir du cuir[3].

La chasse (sangliers, cerfs) et la collecte des produits de la mer (berniques, moules, oursins) continuent de fournir une partie de l'alimentation[3].

Armorique gallo-romaine[modifier | modifier le code]

Après la conquête romaine, la surface de l'espace cultivé augmente continuellement jusqu'à la fin du IIIème siècle[4]. Les zones les plus intensément cultivées sont le bassin rennais, les bords de la Rance, la baie de Saint-Brieuc, et les plateaux bordant les chaînes des monts d'Arrée et des montagnes noires[4]. La majorité des sites connus correspondent à des villae romaines, dont une partie sont construites sur des edificiae gauloises[4]. Ceux-ci sont pour partie des exploitations de taille moyenne où des paysans libres travaillent eux-mêmes leurs propres terres et vivent dans des habitations relativement modestes, et pour partie de grandes villas appartenant à la classe curiale et où travaillent des esclaves dirigés par un intendant et dont les bâtiments couvrent parfois plusieurs hectares[5]. Les parcelles sont de formes géométriques[4]. Dans un premier temps les bâtiments sont construits en torchis et en bois, suivant des techniques locales, avant d'être reconstruites en pierre et en briques au IIème siècle[4]. Il existe trois types de villae[4] : de petites fermes rectangulaires, des villae avec galeries de façade, qui sont les plus nombreuses, et des villae à cour fermées, minoritaires mais qui peuvent prendre des dimensions importantes, allant jusqu'à inclure des bains, des ateliers, un temple... Ces villae de grande tailles sont intégrées à une économie de marché et tirent leur profit de la vente de leurs produits.

Dans la Gaule romaine, l'espace exploité s'organise en cercles concentriques autour des lieux d'habitation[6]. Les jardins (hortus) occupent les zones les plus proches des maisons. Ils sont entouré par les champs cultivés (l'ager). Au-delà se trouvent des espaces pâturés (saltus) puis la forêt (silva). Ces espaces sont caractérisés par des transferts de fertilité d'intensité variable. La silva, et surtout le saltus, exportent des éléments nutritifs vers les lieux d'habitation mais ne reçoivent aucune restitution d'éléments. L'ager et l'hortus sont les éléments qui exportent le plus de fertilité vers les habitations. Ils reçoivent des restitutions de fertilité (ordures, fécès). Ce flux de restitution est plus important pour l'hortus.

Les productions incluent les céréales (blé tendre, orge, avoine, seigle, millet[7]), les fruits et légumes, l'élevage de moutons, de bovins, de porcs, de volailles[4]. Le tissage de la laine est attesté, ainsi que peut-être le tissage du lin et du chanvre[4].

Dès avant la conquête romaine, la région est bien intégrée aux circuits commerciaux de l'empire romain[4]. Parmi les produits liés à l'agriculture, elle exporte du sel et du garum de sardines ou de maquereaux et importe de l'huile, et surtout de grandes quantités de vin[4]. Les ateliers de salaison se trouvent entre l'embouchure du Blavet et la baie de Saint-Brieuc, avec une majorité de sites dans la baie de Douarnenez[4].

La fin du IIIème siècle est marquée par une crise importante, avec des incursions de pirates saxons et francs et des mouvements de bagaudes[8]. Des villae côtières sont pillées et incendiées. Les échanges commerciaux sont désorganisés. L'espace cultivé diminue et la forêt progresse.

Le calme revient progressivement après l’avènement de Dioclétien, en 284, et jusque vers 360, environ[8]. Des Lètes Francs sont installés sur des terres abandonnées par les autorités romaines afin d'assurer la défense des côtes[8]. Le commerce reprend et certaines villae prospèrent.

A la fin IVème siècle commence la crise qui devait conduire à la chute de l'Empire romain. En armorique, les raids de pirates francs et saxons reprennent[8]. Le mouvement d'immigration des bretons insulaires commence. A partir de 410, l'Armorique échappe au contrôle de Rome (excepté un intermède de 417 à 424, où elle est reconquise par Exuperantius)[8]. Une grande révolte de bagaudes se produits en 435-437. L'espace cultivé régresse. Il ne retrouvera une extension similaire qu'avec les grands défrichements médiévaux[8]. Dans les relevés polliniques, les céréales, surtout le seigle, et les plantes fourragères, régressent. Ils sont remplacés par la cueillette et l'élevage extensif[8]. A Spézet, le repli maximal des cultures est atteint vers 295. Néanmoins, l'agriculture se maintient dans les meilleurs terroirs, et la forêt ne recouvrira jamais l'intégralité des terres de l'intérieur[8]. Dès 600, les défrichements reprennent, avec l'arrivée des bretons insulaires. Les surfaces en blé tendre, et surtout, les surfaces en seigle, augmentent[9].

Moyen-âge[modifier | modifier le code]

IXe-Xe siècle[modifier | modifier le code]

Cette période est relativement bien connue, grâce à l'étude du cartulaire de Redon. Les paysans libres (les alleutiers) forment le gros de la société rurale. A leurs côtés coexistent des colons (hommes libres, mais liés à une terre qu'ils ne peuvent quitter, et avec laquelle ils sont vendus)[10] et des esclaves[11]. Les femmes disposent librement de leurs biens, qu'ils proviennent d'un héritage familial ou d'un don du mari[12]. La propriété peut aussi être une copropriété collective (couuenran)[13]. A Ruffiac, la paroisse la mieux connue grâce au cartulaire, la population d'alleutiers, qui ne possèdent que de très petites surfaces, diminue au-cours du IXe siècle : ils vendent progressivement leurs terres à l'abbaye de Redon[14].

Trois céréales sont principalement cultivées : le froment (dans les meilleures terres), le seigle, et l'avoine. La culture de cette dernière est probablement liée à l'essor de la cavalerie dans l'armée bretonne. Les rendements restent faibles, de l'ordre de 3 à 3,5 hectolitres de grain par hectare. Les terres sont probablement laissées en jachère 1 an sur 2[14]. Les pratiques agricoles sont probablement peu différentes de celles de l'âge du fer. L'élevage porcin et bovin est une activité d'appoint indispensable, et est pratiqué dans les zones de friches, de landes et de forêts[15]. En raison des faibles rendements des cultures, l'élevage compte autant que les céréales pour le revenu des paysans[14].

La viticulture est pratiquée autour du golfe du Morbihan, dans l'estuaire de la Rance, et dans les bassins rennais et nantais[16]. Si on peut retrouver de la vigne jusqu'à Hanvec, dans le Finistère, la vigne est concentrée à l'est d'une ligne Vannes-Lamballe[14]. Les vins du pays nantais sont déjà réputés, et s'exportent jusqu'en Irlande[14]. La culture du sel connaît aussi un nouvel essor sur les rivages autour de Vannes et de part et d'autre de l'embouchure de la Loire[17]. La pêche est pratiquée au filet ou à l'hameçon[18], mais aussi dans des pêcheries le long des rivières[16] : des filets sont tendus en travers des rivières pour retenir le poisson. Des structures en pierre, dans les estuaires ou près d'îlots, retiennent le poisson dans des nasses à marée basse[14].

Le IXe siècle est une époque de défrichements, dans les massifs forestiers entourant Redon (Lanouée, Plélan, Pleucadeuc)[19]. A cette époque, la lande et la forêt sont les espaces dominants et les champs labourés sont minoritaires. La lande joue un rôle important dans les activités agricoles. Elle est une zone de pacage pour les moutons et les porcs, une source de bois de chauffage, et un lieu important pour le développement de l'apiculture, activité déjà ancienne[14]. Elle est parfois mise en culture temporairement. L'espace cultivé proprement dit se compose de blocs de champs ouverts, les ran, qui forment des enclaves de 1,5 à 2 ha, dans la lande ou la forêt[20]. Toutefois, certains ran peuvent atteindre des superficies de 25-30 ha[14]. Chaque ran possède un propriétaire unique mais un propriétaires peut posséder plusieurs ran[14]. Les parcelles sont bordées par des fossés ou des haies, afin de les protéger du bétail qui pâture en liberté[14]. Néanmoins, les haies n'enclosent jamais l'intégralité des parcelles, il n'y a pas encore à cette époque de bocage. Dans le pays nantais et le sud du bassin de Rennes, sous domination franque, la grande propriété de type romain (villa) semble se maintenir[14][13].

A partir de 845, les razzias des Vikings provoquent d'importantes mutations sociales. Leurs razzias sur les campagnes bordant la Loire provoquent l'exode des populations et l'abandon des terres cultivées au profit de la lande et de la friche, pendant plus d'un siècle. Un peu plus tard, le littoral nord est également fortement touché. Dans la période 907-937 les structures politiques et religieuses bretonnes s'effondre, et un début de colonisation viking se produit. En revanche, il n'y a pas de traces d'exode ou de déportation massive des populations paysannes. Néanmoins, les petits paysans libres, confrontés à des difficultés économiques majeures, ont dû vendre leurs terres, précipitant l'apparition du féodalisme : les statuts de colon et d'esclave disparaissent, le servage devient la condition de la majorité des paysans[14]. Les relations commerciales avec les îles britanniques ont été également durablement perturbées[14].

Le réchauffement climatique de l'an mille, avec la montée des températures hivernales et la réduction des précipitations estivales, ouvre une période qui favorise les défrichements, entraînant une extension des domaines céréaliers[21] jusqu'au XIIIe siècle. La hausse de la population, sensible dès le VIIIe siècle, connaît un pic de croissance à partir de l'an mille[22]. Ces changements entraînent la création de bourgs nouveaux, le démembrement d'anciennes paroisses, ainsi que l'émergence d'un paysage composé de bocage au cours des XIe et XIIe siècles. Face à des sols pauvres et à l'absence d'engrais suffisants, l'écobuage et la rotation des cultures se développent. Les landes procurent un certain nombre de ressources, comme du bois de chauffage, du gibier ou des fruits sauvages[23]. De la population de colons et d'esclaves de la période précédente émergent dans la seconde moitié du XIe siècle les premiers serfs, liés à présent à une terre et non à un maître. Des alleutiers continuent à pouvoir exploiter leurs terres et au XIe siècle les plus riches d'entre eux parviennent à se hisser jusqu'aux rangs les plus bas d'une chevalerie émergente[21]. Néanmoins les défrichements conduisent à une diminution de la proportion d'alleutiers, les nouvelles terres agricoles appartenant aux seigneurs[24]. C'est également l'époque d'apparition, dans la partie du bretonnante, du système du domaine congéable, qui se maintiendra jusqu'en 1947, et de la quévaise[24].

Une importante flotte maritime attestée dès 1224 exporte du vin, du sel et des toiles[25].

XIVe et XVe siècles[modifier | modifier le code]

La Bretagne connaît une crise démographique au XIVe siècle, et de nombreuses terres agricoles sont laissées à l'abandon. L'année culturale 1342-1343 est marquée par une famine importante, due à un hiver très dur et à des pluies importantes au printemps et au moment de la moisson[26]. Une épidémie de peste noire ne touche la région en 1348-1350, qui est également ravagée par la Guerre de Succession de Bretagne (1341-1364). Si les chiffres de population ne sont pas connus à cette date, ils sont estimés à 1 ou 1,1 million d'habitants vers la fin des années 1390, puis à 850 000 en 1430[27]. Après une période de stabilité allant de 1430 à 1460, une reprise démographique a lieu, malgré des épisodes de peste en 1462-1463 puis en 1473, un hiver difficile en 1476-1477, puis la guerre franco-bretonne à la fin du siècle[28][26].

Dans les campagnes, des domaines de plus de 1 000 hectares sont tenus par une aristocratie et représentent une minorité des seigneuries à côté desquelles des « sieuries » de tailles plus réduites (moins de vingt hectares) peuvent représenter 90 % du total des seigneuries[29]. Certains sieurs sont contraints d'exploiter eux-mêmes leurs terres[26]. Grandes et petites seigneuries connaissent des évolutions opposées. Entre la fin du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle, les grandes seigneuries doivent faire face à la baisse de leurs revenus et à une réduction de la superficie de leurs terres à la suite d'afféagements et du renforcement de l'administration ducale ; dans le même temps les sieurs, plus dynamiques, construisent des moulins ou rachètent des terres ou des droits seigneuriaux. Le servage disparaît, même si la quévaise et d'autres formes de tenure en basse-Bretagne peuvent s'en rapprocher[30]. Une étude faite à Carnac en 1475 fait apparaître environ 10 % de paysans aisés, pour 40 % vivant correctement, 30 % ayant des conditions de vie précaires et 20 % vivant dans la misère[31]. La majorité de la population paysage est composée de féagers qui exploitent des censives de 2 à 6 ha. Fermiers et métayers, plus riches, exploitent le domaine seigneurial, possèdent des baux de 9 ou 12 ans et sont exemptés de fouage. Il existe également de nombreux ouvriers agricoles et journaliers, pauvres et sans terres, contraint d'exercer une autre activité, artisanale ou de pêche[26].

La région reste encore très boisée, principalement en Bretagne centre (Duault, Loudéac, Paimpont) et orientale (Fougères, Rennes, Châteaubriant, Sautron, Touffou), ce qui permet aux seigneurs de dégager des revenus et aux paysans d'avoir accès à des ressources complémentaires[32]: fruits sauvages, bois de chauffage, braconnage, pâturage des porcs et des bovins (en contrepartie du règlement d'un droit d'usage)[26]. Mais un début de surexploitation des forêts commence à être sensible dès le milieu du XVe siècle. La lande connait une période d'extension jusqu'à la fin du XVe siècle. Elle est généralement plus étendues que les terres labourées, surtout en Basse-Bretagne et dans le nord du pays nantais. Les landes, surtout grâce au genêt et à l'ajonc, sont pâturées, fournissent du fourrage et de la litière, du bois de chauffage, des matériaux pour la couverture des bâtiments, et des fertilisants pour les terres labourées (fournis par exemple par étrépage). La lande peut également être cultivée occasionnellement, après écobuage, souvent suivant la succession seigle, sarrasin, avoine avant d'être abandonnée[33]. Forêt et lande jouent un rôle crucial pour la survie de paysans qui exploitent de petites surfaces peu productives. En revanche, la poussée démographique de la fin du XVe siècle s'accompagne dans les campagnes de la remise en culture des friches, du reflux de la lande et d'un début de partage des communaux, qui engendre des conflits entre usages communaux et individuels. Ces appropriations de terres, conjuguées au développement d'un élevage bovin, entrainent la mise en place de talus et de fossés, faisant ainsi progresser les zones de bocages sur les zones de champs ouverts (qui restent tout de même majoritaires)[26][34].

Landes et bois sont des terres appartenant au seigneur sur lesquelles s'exercent des droits collectifs mais ne sont que rarement des biens communaux[35].

L'agriculture reste majoritairement composée de céréales pauvres, dont seule une petite partie est exportée vers l'Angleterre ou l'Espagne via Bordeaux. Le seigle et l'avoine sont cultivés dans les sols pauvres de l'Argoat, alors que le froment occupe une part importante des sols plus riches de la zone côtière. À ceci s'ajoute une culture de légumes diversifiée comme du chou, du panais, de l'oignon, ou de l'ail. Des élevages de bovins et de porcs se retrouvent partout dans la région[36]. Le morcellement poussé des champs représente alors un handicap, alors que les perfectionnements techniques sont peu nombreux à l'époque (certains secteurs ne comptent qu'un nombre limité de charrues par village) ; le progrès le plus notable est alors la prolifération des moulins à vent près de Guérande ou de Bourgneuf et celle des moulins à marée dans le golfe du Morbihan et sur les côtes du Léon[37]. L'église sert fréquemment de lieux de stockage du matériel agricole, des céréales et du foin, tandis que le cimetière qui la jouxte sert également à faire paître le bétail[26]. En marge de cette agriculture vivrière émergent des cultures tournées vers l'exportation. En plus de la vigne, dont la culture se concentre du golfe du Morbihan à la région nantaise, vient s'ajouter la culture de plantes textiles comme le chanvre et le lin (ce dernier dans le centre du Léon)[38]. Ces toiles sont exportées à l'étranger, comme les toiles de voile de Locronan (les poldavys), et entraînent l'émergence de foires, comme à Morlaix, qui au siècle suivant exportera ses toiles de lin fin jusqu'à Exeter, Bilbao et Séville[26]. Émerge alors une classe de paysans-marins dont les activités évoluent dans l'année ; ils se rencontrent surtout le long des côtes, mais leurs activités irriguent le centre Bretagne, des paysans des monts d'Arrée pouvant utiliser dans la seconde moitié du XVe siècle le réal espagnol pour certains paiements[39].

C'est également l'époque de constitution du groupe social des caquins, lépreux ou descendants de lépreux qui ne sont pas autorisés à commercialiser leur production agricole à l'exception des cordes, les destinant donc au métier de cordier.

Sur les côtes, la pêche en eau douce continue à être pratiquée (tout comme la pêche à pied) et est essentiellement destinée à une consommation locale. Seules quelques espèces comme le saumon, l'anguille, l'esturgeon et les lamproies sont exportées. La pêche côtière en bateau connait un essor au XIVe siècle, notamment pour le merlu, alors que la pêche hauturière est encore limitée, une espèce comme la morue n'apparaissant sur les marchés de la région que lors de la première moitié du XVe siècle[40].

XVIème-XVIIème siècle[modifier | modifier le code]

L'ingérence encore limitée de l'autorité royale, qui permet aux Bretons de gérer au mieux de leurs intérêts leur propre économie, et le commerce maritime florissant, permettent à la balance commerciale bretonne d'être largement positive pendant ces deux siècles. Les exportations concernent des produits comme les céréales (notamment le Trégor et la côte sud allant de l'embouchure de la Vilaine à celle de la Laïta) vers la péninsule Ibérique[41] et surtout les toiles de lin et de chanvre dont la valeur à l'exportation va jusqu'à atteindre 9 à 10 millions de livres dans les années 1690 dans le Trégor, le Léon ou le pays de Saint-Malo[42].

Néanmoins les années 1590-1593 sont marquées, en Basse-Bretagne, par de violents soulèvements paysans contre les seigneurs, qui se terminent par des massacres de paysans. L'année 1591 est marquée par la famine et une épidémie de dysenterie, la famine revient en 1597 et la peste en 1598. Le pays est ravagé et pillé par des bandes rivales pendant les guerres de la Ligue, de 1590 à 1598, désorganisant l'activité agricole et poussant les paysans à se cacher dans les zones sauvages[43].

Dans le domaine de l'agriculture, peu d'évolutions techniques sont notables à cette époque. En dehors de la ceinture dorée qui bénéficie d'engrais marins comme le maërl, le goémon ou le varech, les terres siliceuses favorisent l'élevage par rapport aux cultures. De plus, des techniques largement répandues comme l'étrépage ou l'écobuage tendent à appauvrir les sols[44]. Le froment est cultivé en majorité le long des côtes nord et sud, alors que le seigle, plus adapté aux sols pauvres, est cultivé dans l'intérieur des terres. L'arrivée de la culture du sarrasin au début du XVIe siècle va changer la donne, celui-ci s'adaptant très bien aux sols pauvres de l'intérieur tout en présentant des rendements très importants pour l'époque. Cela permet de réserver les sols riches à des céréales plus nobles (blé, seigle) destinées aux exportations, qui font la richesse des ports de Tréguier, Pontrieux, Hennebont, Auray...

L'élevage, principalement bovin, est aussi particulièrement développé comparé au reste du royaume, ce qui permet une économie rurale plus diversifiée et permettant de compenser les mauvaises récoltes qui, dans d'autres régions, causent des crises démographiques[45].

Sur le plan démographique, le Bretagne se singularise du reste de la France. Alors qu'au XVIe siècle une forte hausse puis un ralentissement démographique sont enregistrés partout ailleurs, la population bretonne connait une nouvelle dynamique de hausse après la fin de ce siècle, pour atteindre un maximum vers 1670-1680[46]. La région connait alors une densité de population du même ordre que les régions européennes les plus développées comme l'Italie du nord ou les Pays-Bas[47]. Cette croissance touche cependant différemment les zones rurales et urbaines : dans ces dernières la hausse est plus forte, surtout dans les zones côtières. Entre la fin du XVe siècle et la fin du XVIe siècle, Nantes passe ainsi de 14 000 à 25 000 habitants et Saint-Malo de 4 000-5 000 à 10 000-11 000 habitants. D'autres villes comme Vannes, Quimper, Morlaix ou Saint-Brieuc connaissent elles aussi une progression démographique, sans pour autant atteindre le seuil des 10 000 habitants. Les campagnes doivent, elles, compter avec un exode rural dû à l'attractivité des villes, mais aussi avec des crises comme la guerre de la Ligue à la fin du XVIe siècle qui y réduit fortement le nombre de baptêmes[46]. Vers la fin du XVIIe siècle, la population de la province atteint les 2 millions d'habitants, contre 1,3 à 1,5 million à la fin du XVe siècle, soit 10 % de la population du royaume. À la même époque, Nantes compte 40 000 habitants, Saint-Malo 25 000 et Rennes entre 15 et 20 000 habitants. La fin du roulage pénalise de petits ports comme Le Croisic, Le Conquet, ou Roscoff[48], alors que d'autres ports bénéficient d'importants développements guidés par des investissements extérieurs : Brest sous l'action de Colbert, qui décide d'en faire un port militaire de premier ordre, passe de 2 000 habitants en 1661[49] à 15 000 habitants au début du XVIIIe siècle[48] ; Lorient, créée ex-nihilo en 1666 par la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales, compte 6 000 habitants en 1702[50]. L'évolution de la population rurale est plus irrégulière et les dynamiques varient d'un pays à l'autre[48].

Production textile[modifier | modifier le code]

A cette époque, le développement de la culture du chanvre et du lin, du tissage et de l'exportation des toiles, contribuent fortement à la richesse de la province. Le lin et le chanvre sont cultivés dans des courtils, des jardins clos proches des maisons et abondamment fertilisés en excréments humains et en déchets ménager, particulièrement pour obtenir du lin de bonne qualité permettant de tisser des toiles fines. Après la récolte, les tiges de lin et chanvre sont égrainées, mises à rouir, teillés, et peignées. Le filage est effectué par les femmes pendant l'automne et l'hiver. L'étape suivante du blanchiment est réalisée dans des kanndi, situés à l'écart des habitations en raison des odeurs et équipés d'une cheminée et d'un lavoir ou douet[51]. Le fil est ensuite vendu ou tissé à la ferme. Cette activité occupe de 5 000 à 6 000 familles de paysans-tisserands[52]. La production textile est d'environ 20 000 pièces de 100 aunes (soit 122 m) au début du XVIIe siècle, de 60 000 pièces en 1665 et de 80 000 à 90 000 pièces en 1685. L'exportation des toiles fait la richesse de la province. Les noyales du pays de Rennes, les olonnes ou poldavys de Locronan, toiles de chanvre pour les voiles sont exportées vers l'Espagne, l'Angleterre et les Pays-Bas. Les toiles de lin fines ou fortes, fabriquées à Quintin, Moncontour, Pontivy, Guingamp ou dans le Léon, sont exportées vers Paris, l'Espagne, les Amériques[52]. La richesse produite par le commerce des toiles entraîne l'émergence d'une classe de riches paysans-marchands, souvent tisserands et parfois tanneurs, les juloded, qui contrôlent la production et le commerce textile et qui se maintiendra jusqu'à la première moitié du XIXe siècle. Concentrés autour du Pays Chelgen, ils possèdent des exploitations de plusieurs dizaines d'hectares, équipées de bâtiments en pierre. Ils achètent le fil dans le Léon et le Trégor et confient à des paysans-tisserands rémunérés à la tâche. Les juloded contribuent grandement au financement de la renaissance bretonne, notamment à la construction des enclos paroissiaux[52].

La fin de la prospérité et la révolte du papier timbré[modifier | modifier le code]

A partir de 1670, l’État central accroit son contrôle sur la Bretagne et la situation économique se dégrade. La politique de guerre économique que mène Louis XVI contre l'Angleterre et les Provinces-Unies puis la guerre de Hollande font perdre à la Bretagne ses marchés d'exportation. Une nouvelle réglementation du commerce des toiles multiplie par deux les droits d'entrée sur les draperies entre 1664 et 1667[53].

La baisse des exportations des vins et surtout la baisse des deux tiers des exportations de toile entraîne une déflation généralisée: baisse des revenus des terres et des fermages, des loyers maisons et des prix des aliments. En conséquence, les seigneurs exigent plus fermement les paiements en nature et en argent que leur doivent leurs fermiers et tenanciers[54].

En 1674, l'introduction de nouvelles taxes sur le papier timbré, la vaisselle en étain et les franc-fiefs ainsi que l'encadrement du commerce du tabac augmentent le mécontentement populaire. Le 3 avril 1675 à Rennes, la nouvelle des émeutes qui ont éclaté à Bordeaux quelques jours plus tôt entraîne les premiers troubles. Le 18 des bureaux de tabac et des bureaux fiscaux sont saccagés. Les mêmes événements se reproduisent à Saint-Malo le 19 avril et à Nantes le 23 avril[54].

A partir du 9 juin, des soulèvements paysans commencent à se produire dans le Poher, le pays de Carhaix et pays de Rohan. Dirigés contre les seigneurs, ils éclatent là où les relations avec les seigneurs sont les plus dures, là où la réaction seigneuriale a été la plus intense et où domine le domaine congéable, particulièrement défavorable aux paysans. Au cours des mois de juin et de juillet, les soulèvements se propagent dans toute la Basse-Bretagne à partir des campagnes entourant Quimper et Carhaix. Pillages de châteaux et de bureaux du papier timbré, agressions et assassinats de notables se poursuivent jusque début septembre, avec un paroxysme fin juillet-début août[54].

Les insurgés rédigent des codes paysans, contenant leurs revendications d'un nouveau règlement pour l'organisation des campagnes. Néanmoins nous ne connaissons pas la profession des auteurs des codes paysans, rédigé en français pour le plus connu. Le Règlement des 14 paroisses demande par exemple l'abolition du champart, qui peut représenter jusqu'à 20 % des récoltes sur les terres soumises à l'écobuage, l'abolition de la corvée, qui a lieu aux périodes de pointe de travail agricole, l'interdiction du droit de chasse entre le 1er mars et le 1er septembre, période où le passage des chasses à courre dans les champs cause des dégâts aux cultures, la destruction des pigeonniers, les pigeons étant accusé d'être des ravageurs des cultures, la fin des moulins banaux et la liberté de pouvoir faire moudre son grain où l'on veut ainsi que la fin des abus des meuniers, accusés de conserver une partie de la farine[54].

La répression s'abat sur la province du mois d'août au mois d'octobre 1675, accompagnée de condamnations à mort, de condamnations aux galères et de décapitations de clocher. Si son bilan est mal connu, la répression reste sélective et s'accompagne d'une amnistie[54].

La crise économique se poursuit en Bretagne[53]. Les taxes mises en place par Colbert sur l'importation des draperies, entre 1674 et 1678, entraînent des mesures de rétorsion de la part des autres pays, dont l'Angleterre, privant la Bretagne de ses principaux marchés. La crise se poursuit avec la guerre de la Ligue d'Ausbourg (1688-1697), qui oppose la France à une alliance anglo-hollandaise. A partir de 1692, les Anglo-Hollandais dominent les mers et les corsaires britanniques et néerlandais harcèlent la flotte commerciale française, désorganisant totalement le réseau commercial breton. Après la fin de la guerre, les barrières tarifaires sont maintenues et en 1701 l'importation des produits manufacturés anglais est interdite[53].

En 1715, il n'y a plus de marché de la toile à Saint-Pol-de-Léon. La culture du chanvre régresse et est remplacée par celle du blé[53].

La région est frappée par la disette en 1699 et en 1709, mais échappe aux fortes mortalités qui touchent le reste de la France en 1693-1694 et 1709-1710, et exporte même des céréales en importantes quantités vers le Nord de la France en 1709[53].

La période 1690-1715 voit encore une fois diminuer le montant des droits et fermages versés aux seigneurs[53].

XVIIIe - XIXe siècle, les années sombres[modifier | modifier le code]

La population évolue plus faiblement au XVIIIe siècle, connaissant une hausse de 10 % entre 1680-1690 et 1789 contre 30 % pour la population française dans le même temps. En Bretagne, la population passe ainsi de 2 millions à 2,2 millions d'habitants sur cette période, après avoir connu un pic à 2,3 millions d'habitants en 1770. La région connait deux crises démographiques pendant cette période, en 1693-1694 et en 1741-1743, mais aussi à partir de 1760 à cause d'un solde naturel négatif[55]. La baisse du niveau de vie des couches populaires les rend plus exposées aux mauvaises récoltes et aux épidémies qui se développent sur cette période. Tout au long du siècle le prix de l'alimentation augmente. De 1726 à 1737 le prix des céréales restes bas, mais de 1738 à 1757, ils connaissent une hausse d'abord lente puis rapide en 1742-1745. Des disettes ont lieu en 1740, 1741 et de 1750 à 1752. Ils se stabilisent de 1757 à 1762 puis recommencent à augmenter fortement jusqu'en 1773, avant de se stabiliser et de baisser entre 1778 et 1781. Jusqu'en 1789, les prix connaissent de fortes fluctuations[56]. La variole, le typhus, la typhoïde ou la dysenterie touchent aussi ponctuellement la région. La population rurale reste très pauvre. Les problèmes alimentaires de la région au XVIIIème siècle peuvent s'expliquer par une forte densité de population dans une région aux sols pauvres, alors que la prospérité liée au commerce internationale de la toile est finie. L'importance stratégique de la Bretagne dans les guerres avec l'Angleterre entraîne une militarisation de la péninsule. La présence militaire contribue à la propagation des épidémies, fait peser le poids des servitudes (réquisition de charrettes et de chevaux, corvées d'entretien des routes, mobilisation d'hommes dans les milices...) qui désorganisent encore plus la production agricole[56].

Le secteur textile connaît cependant un nouveau développement. L'industrie drapière concentrée autour de Josselin, Ploërmel et Malestroit triple en valeur entre 1733 et 1778 en écoulant sa production grossière auprès des paysans locaux[57]. Les régions productrices de toiles de lin grossières comme Morlaix et Landerneau, dont les clients étaient anglais, tentent d'écouler leurs productions en Espagne, mais sans parvenir au XVIIIe siècle à atteindre la moitié de la production atteinte au XVIIe siècle. À l'opposé, des toiles de meilleure qualité produites dans l'arrière-pays de Saint-Brieuc parviennent à s'écouler davantage, principalement en Amérique du Sud grâce à la mise en exploitation dans ces régions de mines d'or et d'argent. Cependant, cette région ne voit pas l'apparition de riches marchands comme les juloded du Léon du siècle précédent[58] et subit les effets de la guerre d'indépendance des États-Unis à partir de 1775. Les toiles de chanvre, concentrées dans une région allant de Saint-Malo à Vitré, trouvent un nouveau débouché en Afrique et dans les Antilles et leur valeur double entre 1751 et 1775. Nantes connait aussi le développement de cotonnades et de toiles peintes, autorisées en France à partir de 1759. La région produit au moment de la révolution 120 000 pièces par an, contre 180 000 pour Paris[59].

L'agriculture progresse en France, mais la Bretagne reste à l’écart de ces évolutions[60]. Une minorité de la noblesse s'intéresse aux innovations agronomiques. Fondée en 1757, la Société d'agriculture, du commerce et des arts de Bretagne tente de promouvoir les prairies artificielles, le commerce des grains et les défrichements[56]. Ses efforts sont peu suivis d'effet, même si se développe un mouvement de défrichements, consécutif de nombreuses pratiques d'afféagement de la part de la noblesse parlementaire, défrichements dans lesquels s'investissent la bourgeoisie commerçante malouine et nantaise[56]. Ce mouvement de défrichement provoque des conflits avec les paysans pauvres, qui profitent de la vaine pâture sur les terres en friche[56]. Une grande partie de la Bretagne reste couverte de landes et de friches, à l'exception des pays de Rennes et de Saint-Malo. Les céréales conservent une place importante, sans pour autant connaitre de gains de productivité, même si le blé commence à remplacer le seigle dans les régions côtières. Les pommes de terre progressent peu[56]. L’apport d'engrais marin à l'intérieur des terres est contrarié par le médiocre réseau de transport de l'époque. Les cultures maraîchères (haricots, navets, carottes, choux, betteraves, fèves, panais[35]) connaissent, elles, une progression sur la côte nord ainsi que qu'autour de Nantes et de Rennes[61]. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le pommier à cidre se popularise de plus en plus vers l'ouest de la Bretagne et le cidre tend à remplacer presque complètement les vins parmi les boissons paysannes. Parallèlement, la vigne se replie autour de la région de Nantes.

L'élevage des chevaux se développe de façon importante, surtout dans le Léon, de même que celui des moutons de pré salé dans la baie du mont Saint-Michel[62]. Une enquête de 1819 nous renseigne sur les pratiques d'élevage des bovins dans le Finistère et les Côtes-du-Nord[63]. Dans les Cotes-du-Nord, les bovins pâturent dans les prairies naturelles (pâtis, prairies peu productives et non-entretenues, situées sur des terres jamais mises en culture), dans les prés de fauche après la coupe du foin et dans les champs labourés après la moisson, où ils consomment les chaumes (laissés sur place lors de la récolte à la faucille), les adventices et éventuellement les ajoncs s'ils ont été semés en même temps que la céréale. Lorsqu'ils sont à l'étable (l'hiver ou s'ils ont été rentrés pour la nuit), il reçoivent du foin, de la paille, de l'ajonc pilé. Au printemps ils peuvent recevoir des céréales coupées en vert et des choux. Néanmoins, les meilleures prairies et les meilleures fourrages sont réservés aux chevaux, plutôt qu'aux bovins. Dans le Finistère, les pratiques sont similaires, mais les pratiques d'engraissement sont plus développées. Les bovins destinés à l'engraissement sont gardés dans les champs en jachère ou les prairies de fauche (après la coupe du foin), tandis que les autres pâturent les pâtis. L'alimentation peut être complémentée à l'auge par toutes sortes de fourrages (au printemps seigle coupé en vert, herbe fraîche, fanes de navets ; en automne et en hiver déchets du pressage des pommes à cidre, farine de son détrempée, farine d'avoine, pailles de diverses céréales, panais, pommes de terre...), dont certains sont donnés cuits, révélant un affouragement relativement complexe[63].

Les taureaux ne sont pas séparés des vaches. Les plus pauvres apportent leurs vaches aux taureau d'un voisin, moyennant rétribution[63]. Les bœufs font en général de 150 à 170 kg, les vaches de 75 à 85 kg[63]. les taureaux ne sont utilisés qu'une année pour la reproduction et sont ensuite convertis en bœufs. Les veaux qui ne présentent pas les caractéristiques attendus pour une bonne laitière ou un boeuf sont envoyés en boucherie peu de temps après leur naissance. L'élimination des veaux mal conformé constitue le principal système d'amélioration de la race, dans un système où il n'y a pas de choix des taureaux[63].

La part autoconsommée des produits de l'élevage bovin est faible : un peu de lait et de beurre, un peu de viande de vache salée[63]. La majorité de l'élevage est destiné à la consommation. Les animaux sont exportés dans toute la Bretagne et même au-delà. A la fin du XVIIIe siècle, la Bretagne contribue pour 1 à 5% de l'approvisionnement de Paris en produits animaux[64]. De l'arrondissement de Quimperlé, de 1 500 à 2 000 animaux, âgés de 2-3 ans, sont exportés chaque année autour de 1819, parfois jusqu'en Espagne via Vannes ou Quiberon puis Saint-Jean-de-Luz[63].

Les terres sont divisées en deux catégories : terres froides, qui restent en landes et ne sont cultivées qu’occasionnellement (par exemple tous les 20 à 23 ans), et terres chaudes, qui sont soumises à des rotations de deux ou trois ans et laissées occasionnellement en friches[35]. Il est difficile de décrire une rotation type pour la Bretagne. Toutes contiennent une période de jachère, de friche ou de lande. Sur les terres chaudes, une rotation type pourrait être sarrasin, céréale d'hiver, céréale de printemps, puis ajonc (semé en même temps que la céréale de printemps) pendant quelques années. la succession sarrasin, céréale d'hiver, céréale de printemps peut être répétée deux ou trois fois avant le semis de l'ajonc[35]. Sur les terres froides, la mise en culture peut avoir également pour objectif de régénérer la lande[35].

L'alternance cultures-landes donnent au système une grande flexibilité, qui lui permet de s'adapter aux fluctuations climatiques[35]. En revanche, la phase de défrichage de la lande, généralement par écobuage, est très intensive en travail, et demande l'organisation de travaux collectifs. La lande est défrichée à la main avec une houe appelée étrèpe puis faire plusieurs labours pour éliminer les racines et les repousses[35].

La majorité des terres agricoles sont possédés par la noblesse, le clergé en possède une part minime tandis que la bourgeoisie ne possède des superficies importantes qu'aux abords des villes[35]. La superficie des terres possédées par les paysans est très faible (moins de 10%) et correspond à des parcelles de très petite taille. Ces petites parcelles sont souvent possédées par des journaliers ou des artisans qui les exploitent eux-mêmes bien qu'elles ne leur suffisent pas pour vivre. Les fermiers, métayers et bordiers, plus riches, exploitent majoritairement des parcelles qui ne leur appartiennent pas et préfèrent généralement donner en bail les petites parcelles qu'ils possèdent[35]. Globalement, la paysannerie bretonne est moins inégalitaire que celle des régions d'openfield du Nord-Est de la France, et la plus grande partie de ses membres appartient à une "classe moyenne"[35].

Dans les cahiers de doléance de 1789, le domaine congéable fait l'objet de plaintes récurrentes, ainsi que le tirage au sort des membres de la milice qui enlèvent les hommes les plus valides à l'activité agricole[65]. Après la Révolution, le domaine congéable est maintenu (à l'exception d'une suppression temporaire, entre 1792 et 1797) et les conditions économiques se sont aggravées en cette période de troubles[66]. L'industrie textile soufre, comme dans les époques précédentes, des guerres de la Révolution et de l'Empire. Elle se redéveloppe à partir de 1814, à la faveur de lois protectionnistes, mais s'effondre à partir de 1824. A partir de 1840, le développement de la mécanisation du filage et la baisse des coûts du coton condamnent le secteur textile breton, incapable d'investir et de s'adapter[67].

Sous la première république[68], les représentants de l'état tendent d'inciter à la culture de la pomme de terre, sans succès[68].

La première moitié du XIXe siècle est marquée par la pauvreté et l'importance de la population de journaliers[67]. Les disettes sont nombreuses : 1817-1818, 1829-1833, 1839-1841, 1847-1848[67]. En 1844 une épidémie de mildiou touche les pommes de terre. L'hiver 1845 cause les gel des céréales. La récolte de l'été 1846 est particulièrement maigre. La disette de 1846-1847 voient le retour des émeutes contre la cherté des aliments et contre les spéculateurs, comme au XVIIIe siècle[69].

Une agriculture en mutation[modifier | modifier le code]

L'école régionale d'agriculture, créée en 1830, est déménagée à Rennes en 1895.

Mais le XIXe siècle voit aussi la modernisation de l'agriculture bretonne grâce à plusieurs facteurs. La diffusion de méthodes modernes passe par la formation des exploitants actuels et futurs. Jules Rieffel joue un rôle clef en étant à l'initiative en 1830 de la création d'une école d'agriculture à Nozay qui devient une école régionale d'agriculture en 1848 puis est transférée à Rennes en 1895, mais aussi par la création de revues destinées à diffuser des idées nouvelles. La revue Agriculture de l'Ouest de la France est fondée en 1840[69]. Le Laboureur breton paraît pour la première fois à Lorient, en 1842. Il est publié par l'Alliance bretonne, fondée en 1841 par des grands propriétaires, notamment Jules Rieffel[68]. Les concours agricoles se développent. Louis de Lorgeril crée le premier comice agricole, à Plesder, en 1815, puis se consacre à leur développement à partir de 1830[68]. Cette la diffusion des pratiques agricoles nouvelles est le fait de grands propriétaires terriens et d'entrepreneurs, non-issu du monde agricole mais soucieux d'améliorer leurs domaines. Néanmoins, les pratiques promues se diffusent peu dans la population générale. La logique capitaliste des grands propriétaires s'accordent mal avec la logique non-productiviste des paysans, tandis que les grands propriétaires ne comprennent pas le fonctionnement du système agraire breton, notamment le rôle important de la lande[68]. De manière générale, les agronomes, les représentants de l’État ne comprennent pas la rationalité des systèmes agraires qu'ils observent. Ils critiquent surtout la présence de la lande, qu'ils assimilent à une terre inculte, l'absence de prairies artificielles à base de trèfle, et accusent les paysans bretons d'être routinier et butés car ils n'acceptent pas les innovations proposées[35][63].

La mécanisation ne commence à prendre de l'ampleur qu'à partir de 1870, même si l'introduction d'outils nouveaux est antérieure. En 1823, le nantais Pierre Athénas adapte un versoir hélicoïdal à une charrue. À la fin des années 1830, la charrue créée par Mathieu de Dombasle commence à être popularisée dans la région[70]. A partir de 1860, apparaissent les premières batteuses à manège animal ou à vapeur[68]. En 1882, le Finistère arrive à la quatrième place nationale au nombre de batteuses, les Côtes-du-Nord à la huitième et l'Ille-et-Vilaine à la onzième place[71]. Toutes les exploitations de Loire-Inférieure sont équipées de houes à cheval[68]. La mécanisation se développe néanmoins plus lentement que dans le reste de la France, en raison d'une main-d’œuvre abondante et peu chère[68].

L'apport d'engrais phosphatés se développe à partir de 1850, d'abord lentement puis rapidement après 1880, aidé par la modernisation des modes de transport[72]. Le canal de Nantes à Brest est achevé en 1842, la route Morlaix-Quimper en 1844[68].

La lande continue d'occuper une place importante dans l'agriculture bretonne du XIXe siècle. Dans les années 1840, elle couvre 40 % du Finistère et du Morbihan, 19% des Côtes-du-Nord et de la Loire-Inférieure et 15% de l'Ille-et-Vilaine[68]. Les agronomes qui visitent la Bretagne (Arthur Young, Lullin de Chateauvieux), les sociétés d'agriculture ou les pouvoirs publiques insistent sur la nécessité de mettre en culture les landes pour nourrir une population abondante est pauvre, mais ils sont confrontés à l'hostilité des paysans pauvres, pour qui la lande est nécessaire à leur survie[68]. La lande constitue un espace de pacage pour les troupeaux. L'étrépage est pratiqué tous les 7 à 10 ans[68] : les paysans enlèvent à la houe la pellicule supérieure du sol et cette dernière est utilisée comme litière puis comme fumier. Les zones décapées servent ensuite de pâtures[73]. Les parties ligneuses des ajoncs peuvent servir de bois de chauffe[74]. L'hiver, l'ajonc sert de fourrage, une fois pilé[33]. Néanmoins, à partir de 1850 la lande régresse. Le défrichement touche tout d'abord la Haute-Bretagne, avant de s'étendre à la Basse-Bretagne, surtout après 1880. Les surfaces tombent ainsi à 785 000 hectares en 1862, puis à 422 000 hectares en 1913[75]. 25 % du Morbihan reste tout de même couvert de landes à cette époque[68].

Certaines landes sont également converties progressivement en boisements de pins maritimes. Le pin, introduit en Bretagne sous le Second Empire, s'installe naturellement après l'étrépage et ne gène pas le développement de l'ajonc, lorsqu'il n'est pas trop dense. Les paysans conservent les plus beaux arbres, qui se vendent à 25-35 ans, par exemple comme poteaux de mine en Angleterre. Cette pratique donne naissance à des formations forestières irrégulières[33].

Les productions agricoles se diversifient. Sur la période, le blé passe du quart à la moitié des surfaces, l'orge et l'avoine progressent pour occuper le tiers de la surface céréalière, alors que le seigle et le sarrasin perdent chacun la moitié de leur surface. La pomme de terre double sa surface et les raves, encore inconnus au début du siècle, occupent un septième des surfaces en 1913[75]. Les exportations se développent : par exemple, les producteurs d'oignons de la région de Roscoff exportent leurs produits en Angleterre dès 1828. Ces Johnnies sont jusqu'à 200 en 1860[76]. A partir de 1839 se met en place un service maritime régulier d’exportation des oignons, artichauts et choux-fleurs entre Morlaix et Le Havre. On parle de ceinture dorée à partir de 1880[68]. Plus généralement, l'arrivée du chemin de fer permet une exportation plus rapide des productions vers l'extérieur, notamment vers Paris, et entraîne une hausse des prix de vente, favorable aux paysans[77].

Les équilibres se modifient aussi dans l'élevage, au détriment de l'élevage ovin. Le cheptel bovin augmente d'un tiers en un siècle. Des efforts d'amélioration génétique sont entrepris. Un taureau de la race à viande Durham est importé en 1840[68]. Aidé par l'amélioration de l’alimentation, le poids des bêtes double ; le nombre de porcs double également, grâce à l’essor de la culture de la pomme de terre[78]. L'élevage des chevaux de trait profite du développement du chemin de fer, notamment à Landivisiau[79].

Après 1850, un mouvement d'émigration va se mettre en place, en raison de plusieurs phénomènes[80]. En interne à la Bretagne, le départ des paysans de l'intérieur de la région pour les zones côtières est notable[81], causé par la fermeture des forges, mines et fabriques de toiles qui constituaient des compléments financiers indispensables[82] et par une mise en valeur des terres trop lente pour absorber la hausse des populations des campagnes[81]. Parallèlement, environ 500 000 personnes quittent la Bretagne pour d'autres régions entre 1871 et 1911[83]. Cette émigration est facilitée par l'arrivée du chemin de fer dans la région dès 1852[84].

A la fin du XIXe siècle, le Finistère présente un déficit de la production de céréales (blé et seigle) tandis que les autres départements présentent un léger excédent. L'Ille-et-Vilaine exporte du grain jusqu'à Paris et le Morbihan des fruits et légumes. Tous les départements bretons contribuent à l'alimentation de Paris en produits animaux, mais la Loire-Inférieure se démarque nettement, contribuant à plus de 5 % de son alimentation, soit plus que les départements du bassin de la Seine[64].

1914-1945[modifier | modifier le code]

Pendant la Première Guerre mondiale, la reconversion à l'économie de guerre affecte la Bretagne. Les campagnes sont touchées par le départ des hommes et des chevaux au front, ce qui désorganise le travail des champs ; les femmes et les enfants devant prendre le relais[85]. La surface cultivée ne diminue que peu durant la période, mais les rendements connaissent une baisse. La hausse des prix de vente des produits agricoles permet dans le même temps un enrichissement des producteurs : le beurre passe de 2,20 francs avant-guerre à 12 francs fin 1918 ; la douzaine d'œufs de 0,80 francs à 5,50 francs sur la même période[86].

Dans l'agriculture, la première décennie est plutôt favorable aux cultivateurs. La mise en place du Crédit agricole mutuel permet aux exploitants d'acquérir leurs terres et les prix de vente sont rémunérateurs jusqu'à la fin des années 1920[87]. Cependant, la crise de 1929 change la donne. Le cours des produits agricoles baisse à partir de cette date et, à partir de 1931, l'Angleterre arrête d'importer des pommes de terre en raison de la crise du doryphore, coupant ainsi la Bretagne-nord de ses débouchés. Les agriculteurs se tournent alors vers d'autres productions comme le lin, accentuant alors la surproduction dans ces secteurs[88]. L'État met en place une politique de rachat et de destruction des excédents, mais les faibles indemnités font baisser le pouvoir d'achat des agriculteurs et le nombre de saisies augmente, surtout dans le Léon et le Trégor occidental et intérieur[89]. Des mouvements sociaux d'opposition à cette politique se développent, notamment les chemises vertes de Dorgères[90], mais le début de reprise économique de l'automne 1934 ralentit celui-ci, les prix de vente repartant à la hausse[91].

La hausse de la production de primeurs et de légumes verts a un effet positif sur les conserveries de la région, par ailleurs favorisées par la mise en service du port de pêche de Keroman à Lorient au début des années 1920 et qui se hisse dès la fin des années 1930 au deuxième rang des ports de pêche français[92]. Globalement, la situation ne bénéficie qu'à la côte sud, le déclin de la côte nord continuant à l'époque[93]. L'essor du rail permet aussi à la vente de produits frais dans les grandes villes françaises de se développer[94].

La lande, lorsqu'elle subsiste, continue à fournir des ressources[95]. En Léon et en Trégor, les ajoncs de 3-4 ans sont coupés pendant les mois d'hiver pour fournir du bois de chauffage. C'est un combustible particulièrement prisé pour les fours de boulangerie. L'ajonc est semé sur les talus et continue d'être semé dans les terres les plus pauvres ou les plus difficiles d'accès. Il sert de fourrage pour les chevaux de novembre à avril, lorsque le trèfle vert n'est pas disponible. Dans l'entre-deux guerre, l'ajonc utilisé comme fourrage est pilé par une machine, actionnée à la main ou par un manège à chevaux. Cette pratique d'affouragement se maintien jusqu'à la disparition des chevaux de traits, dans les années 1950. Parmi les autres usages de l'ajonc à cette époque, on trouve l'utilisation comme litière pour les bovins, la couverture des bâtiments agricoles, il peut entrer dans la composition du torchis. Comme dans les deux siècles précédents, il peut être disposé dans les chemins humides et les lieux de passage des animaux et, quand il est chargé de déjections, il est ajouté au tas de fumier, contribuant ultérieurement à la fertilisation des champs.

A partir de 1945, le miracle agricole[modifier | modifier le code]

Les campagnes connaissent une phase de modernisation technique et structurelle à la suite de la popularisation des idées de la jeunesse agricole catholique, avec la mise en place de parcelles plus grandes et le développement de l'industrie agroalimentaire. L'électrification des campagnes s'achève elle entre 1952 et 1960, alors qu'avant cette époque seuls 40 % des foyers y avaient accès. Le tracteur se généralise dans les années 1960 et l'insémination artificielle s'étend en même temps que l'adoption de races laitières plus productives, comme la normande ou la frisonne[96]. L'élevage hors-sol apparait à partir de 1955 dans l'aviculture, avant de toucher aussi l'élevage des porcs après 1965[97]. L'élevage des chevaux de trait est réorienté vers la production de viande pour le marché italien[79]. Les cultures céréalières et légumières, fragilisées par une hausse des coûts de production et par une baisse des tarifs, connaissent une série de crises entre 1957 et 1967[98]. Le développement de grandes coopératives est à noter, motivé par la volonté d'éviter l'intervention de capitaux étrangers, mais aussi favorisé par des groupes locaux comme Bridel ou Doux. La croissance du secteur est alors favorisée par la hausse de la consommation française et européenne, mais aussi par la politique agricole commune qui, à partir de 1962, garantit les prix et les aides aux exportations[99].

Une contestation environnementaliste prend corps dans les années 1970[100], d'abord sociale et tournée dans un premier temps contre les excès du remembrement dans les campagnes et contre les risques d'urbanisation incontrôlée sur le littoral, puis écologique à la suite du naufrage de l'Amoco Cadiz en 1978[101], à l'apparition des premières marées vertes[102] et des projets de centrales nucléaires à Plogoff et au Carnet[103].

La crise du début du XXIème siècle[modifier | modifier le code]

L'agriculture, avec 7 % des emplois de la région en 2002, continue son retrait, bien que la Bretagne reste par sa production la première région agricole de l'hexagone. Elle est cependant de plus en plus dépendante de l'évolution de cadres institutionnels comme la politique agricole commune ou des discussions de l'OMC. La modernisation de ce secteur entraine par ailleurs une dégradation de l'environnement qui vaut à la région d'être classée comme zone vulnérable par la Directive Nitrates de 1991[104]. Le nombre d'exploitations passe de 92 500 en 1988 à 51 000 en 2000[105]. La pêche connait une situation similaire, concentrant 40 % des emplois français dans ce secteur[106] et connaissant une période de crise allant de la fin des années 1980 au début des années 2000[107].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Histoire de la Bretagne et des Bretons. Tome 1, Des âges obscurs au règne de Louis XIV, Éd. du Seuil, , 730 p. (ISBN 9782757809952, OCLC 494140979, lire en ligne), chapitre 1
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